Interview

Vis ma vie de recruteur en télétravail

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La crise sanitaire que nous vivons a chamboulé nos quotidiens. Les entreprises ont dû s’adapter à ce changement en généralisant tant que cela était possible le télétravail. Nous avons donc souhaité découvrir le quotidien de Manuel Lebreton (Consultant en recrutement chez Human Search), poursuivant son activité de recrutement en télétravail.

Comment un recruteur gère le télétravail à titre personnel ?

Cela demande une certaine discipline : il faut arriver à s’auto-créer une ambiance propice au travail, si bien qu’il m’arrive de m’habiller comme si j’étais au bureau (ndlr : l’intéressé note une hausse de la productivité lorsqu’il arbore sa chemise rose). Le télétravail n’est pas une solution sur le long terme car il sape un besoin primordial de contact avec mes collaborateurs, besoin en phase avec ma personnalité.

Je dirais néanmoins que les recruteurs ne sont pas le plus à plaindre : nous interagissons toujours beaucoup avec les candidats, ce qui est plutôt rassurant psychologiquement. Et même si je préfère le travail en présentiel dans l’absolu, le télétravail permet toutefois une flexibilité inédite au regard de ma vie personnelle.

Pour les recruteurs, est-ce une période aussi difficile qu’on le dit ?

Il faut trouver un juste milieu : c’est une période particulière où bon nombre d’entreprises n’ont pas de visibilité, se montrent frileuses et gèlent leurs besoins en recrutement. Mais les fonctions support (gestionnaire de paie, comptable, etc.), cible première de notre activité, sont plus sollicités que jamais en ces temps incertains. Donc en dehors de certains secteurs sévèrement touchés, beaucoup continuent à faire appel à nos services. C’est une aubaine pour nous.

Pour les fonctions support, est-ce que le télétravail est une option laissée par le client au candidat pendant cette période ?

Toutes les fonctions support sont gérables depuis la maison. La crise du Covid-19 pousse les entreprises réticentes au télétravail à déployer les ressources numériques pour s’y conformer. Et celles qui le faisaient déjà avant poursuivent sur cette lancée aujourd’hui.

La difficulté est de gérer une intégration en ligne de A à Z. Les candidats appréhendent le format distanciel dès leur arrivée, même si des outils modernes comme Teams atténuent ce sentiment et facilitent la formation de départ.

Un dernier paramètre à prendre en compte est la culture d’entreprise :  un de nos clients importants dans le marketing digital n’a aucun mal à prôner la solution full online par exemple.

Observez-vous un changement dans l’attitude des candidats en général ? Sont-ils plus réticents à changer de poste ?

De façon générale, les candidats sont plus réactifs, prêts à faire des concessions pour un poste. Ils se retrouvent déresponsabilisés face à l’activité atone de leur société et souhaitent relever un nouveau défi ailleurs. Malgré la crise, il n’y a jamais eu autant de possibilités pour postuler en un clic. C’est notamment dû à la multiplicité des canaux de recrutement : les candidats sont naturellement plus réceptifs aujourd’hui, et donc plus sollicités. Naguère, on anticipait davantage, on calculait, les plans de carrière étaient mûrement réfléchis, notamment en temps de crise.

Vos perspectives pour 2021 ?

Je ne m’attends pas à un regain fulgurant de nos activités à l’aune du pré-Covid. Le contrecoup de cette crise durera probablement jusqu’en fin d’année prochaine. Donc je ne pense pas que la reprise sera totale.

Mais la confiance joue ici un rôle clé. Les effets d’annonce politiques ont un impact décisif dans le monde du recrutement et peuvent accélérer la convalescence.

« Bien malin celui qui devinera avec justesse les tendances de 2021 ! »